Je veux sentir l'odeur du café. Cinq minutes. Je veux une trêve de cinq minutes pour un café. Je ne veux rien d'autre que me préparer un café. Cette obsession me donne un but, un objectif. Tous mes sens sont tendus vers cet unique appel. Ma soif n'a plus qu'un seul but : un café.
Il est aube vierge et silencieuse. L'aube – mon aube – est étrangère à la moindre parole. L'odeur du café boit le moindre des bruits, fût-ce un simple bonjour, et se gâte.
Depuis la mer, l'aube de plomb continue à progresser, portée par des sons comme je n'en avais jamais entendu. La mer toute entière est farcie des obus qui s'y perdent. La mer n'est plus liquide, se fait métal. La mort peut-elle se parer de tous ces noms ? Nous avons dit que nous sortirions. Alors, pourquoi cette pluie rouge, noire, grise, sur ceux qui s'apprêtent à sortir et ceux qui resteront, hommes, pierres, arbres ? Nous avons dit que nous sortirions. « Par la mer », ont-ils exigé. « Par la mer », avons-nous accepté. Alors pourquoi arment-ils vagues et embruns de ces canons ? Pour que nous nous hâtions davantage ? Ils doivent commencer par lever le siège, du côté de la mer, ils doivent ouvrir la dernière voie pour laisser couler notre dernier filet de sang. Tant qu'il en sera ainsi – et il en est ainsi – nous ne sortirons pas. Je prépare donc mon café !
Le café est un lieu. Le café est un philtre qui distille le dedans vers le dehors, qui unit ce qui ne saurait s'unir, sauf dans l'odeur du café. Le café est ce lait maternel toujours offert pour étancher la soif des hommes au loin, point du jour né d'un goût amer, lait de virilité. Le café est géographie.
Filet Bleu Torréfaction, installée à Pont-l'Abbé, est une entreprise spécialisée dans la torréfaction de café depuis 1910.